J'ai couru et pourtant :
Ce ne fut pas dans le bon sens, je me retrouve loin à l'autre bout de la rue qui mène chez moi.
Comme souvent avant cela, je n'ai pas su être à l'heure.
Je regarde au loin vers un océan noir et sans horizon.
Je me maudis, le lieu et la soirée s'y prête.
Je dois être la seule âme possédant un corps dans le coin.
Dans mon dos le pirate "La buse" et le poète "Leconte Delisle" picolent le rhum et fument les clopes des offrandes laissés en échange de promesses. Si j'écoutais mon crâne enflammé de remords, j'irai de ce pas poser ma bière "Dodo" sur une de leur tombe en échange de quelques heures. Même en sâchant très bien que c'est la dernière qui me reste et que tout est fermé à cette heure avancée de la nuit.
Quelques bruits s'échappent du "Cimetierre Marin", c'est son nom, à moins que cela ne soit l'écho de mon briquet qui rechigne à s'allumer.
.... (Flashback) ....
J'ai couru, et pourtant :
" Elle a quitté le café y'a pas une heure. Il faut dire qu'elle a attendu toute la soirée seule sur la table du fond là-bas. Elle a commandé un gin et ensuite elle a carburé au jus de fruit. Je me souviens, elle était plutôt jolie avec une robe noire, des yeux... "
"Merci", j'ai du répondre. Je n'écoute plus le barman derrière le comptoir. D'ailleurs, je suis dehors et c'est tête baissée que je me déplace en direction du "Quai Gilbert", qui n'a rien d'un quai, ni ce soir ni les vendredis où dès le petit matin des gens grouillent à la recherche de fruits, légumes, tisanes ou autres bibelots... c'est fou ce que l'on peut y trouver.
Elle me rapportait de ces trucs...
Et mon regard balaye le sol du gigantesque parking vide à cette heure. Vide comme ma vie à présent. Des bagnoles ne poluent plus l'air, seules circulent encore quelques fêtards sur les trottoirs. Des corps se déplaçant comme pesés par la chaleur humide de ce mois de novembre et par les boissons alcoolisées servis dans des camions aménagés en bar et qui font le folklore de ce front de mer.
.....(Flashback).....
J'ai couru et pourtant :
Trop tard il s'est arrêté, il devait avoir sonné un moment.
C'est une douleur lancinante de l'un des seuls neurones qui n'ait pas été attaqué par la fumée des clopes et les vapeurs d'alcools qui m'oblige a ne plus me jeter dans de ce lit.
J'enclenche le répondeur.
Le rédacteur a appelé, il attend mon article. Je l'emmerde.
Phil me retrouvera comme prévu à "Boucan Canot", il sera au P.M.U à treize heures. Merde dans un peu plus d'une heure...
Elle a appelé aussi, elle m'attendra au bistrot " La siesta" ce soir à vingt heure sans faute, c'est là que l'on s'est rencontré. Alors que je devais pondre un article sur un groupe qui s'y produisait.
Elle me jure que c'est ma dernière chance. De toute façon je savais ce qu'il en était, elle m'a supporté suffisament longtemps pour me refuser un dernier tête à tête, pour ce qu'il me restait comme tronche, c'est ce que me dit sa voix sur ce répondeur que je maudis.
Dernier peut-être pas. Celui de la dernière chance je suppose.
Mon père a appelé, il m'attend dimanche. Je n'irai sûrement pas, je n'aime
pas les dimanches en famille.
Il fait nuit dans la maison et dans mon coeur, mais midi ne devrait pas tarder.
J'ouvre la fenêtre, ce soleil aveuglant. Je me voie m'acharner à l'éteindre a coup de seau d'eau.
Après quelques secondes d'illumination, je peux enfin apercevoir les filaos qui font de l'ombre à tous ces sportifs qui viennent entretenir leur corps insastifait sur le parcours de santé qui borde l'océan. Je m'en fous je ne fais jamais de sport, mais j'aime ce rituel. Regarder, au réveille, les gens courir après leur ligne... au lieu de la suivre gentiment... la ligne.
....(Flashback)....
Elle s'en va...
pour de bon cette fois...
je suis trop con...
j'oublie tout... même son anniverssaire
je ne prends rien au sérieux...
mon travail... il est nul...
dailleurs si ce n'était pas un pote... il y a longtemps qu'il m'aurait viré même mes articles j'oublie de les rendre... de plus ils sont débiles
ma belle maison... ne fait pas tout
ma voiture... elle ne l'a jamais aimé
mon argent... il pue autant que moi
je suis une merde.
mon amour pour elle... rien à foutre.
C'est la-dessus qu'elle a claqué la porte.
Mon cerveau qui nageait encore dans une marée de rhum s'en souviendra longtemps de ce bruit comme un coup de poing.
Mon âme se résigne, elle rentrera ce soir, elle me pardonnera pour hier soir et me détestera pour le soir qui m'enlèvera de ces bras.
En attendant j'ai rendez-vous. Un article en retard. Oui ! je sais.
Et ce pré-sentiment qui me torture le coeur.
Et si... non... non... Elle sait que je l'aime trop... Elle m'adore cette femme... Elle me le dit souvent... Tenez encore... Non... La dernière fois c'était ... Je ne sais plus...
Je m'en voudrais de mourir seul. J'aurai l'air malin sous un clair de lune à regarder un horizon sombre et pester contre la vie et mon amour qui ne reviendra plus.
Je déraille.
A ce soir chérie...
Arto Joe
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