05 juin 2006

Ce fut en été

A l’horizon le ciel, je l’imagine, s’incline et mon cœur crache dans mes veines le venin de mes souvenirs. Je ne vois qu’une raie de lumière osant s’aventurer dans cette cage, dévoilant la crasse qui entoure ma vie désormais.
Il va faire froid ce soir, comme hier et peut-être comme au premier jour dans cette cage. J’ai l’impression d’avoir toujours eu froid dans ma nouvelle demeure. Pourtant ce fut en plein milieu de l’été, la vie s’accélère toujours en été.

Surtout ne pas y penser, d’ailleurs, j’ai tout oublié.

Impossible de me souvenir, c’est une explosion douloureuse qui détonne dans mon crâne meurtrit.
Mais ce fut en été, de cela j’en suis persuadé.
J’ai perdu la notion du temps.

L'Homme a même réussit à un mettre un nom sur cette notion qui n'est ni plus ni moins que l'avancé vers sa propre fin. Il compte le temps des damnés d'avant lui et envisage même celui des pauvres gens à naître.
L'Homme se confond tellement dans une recherche effrénée - de quoi personne ne le sait vraiment - peut-être est-ce l'immortalité ?
Le temps pour moi n’est plus une référence désormais.
Et absence de temps est éternité, un éternel présent.
Rien de plus important que les courtes minutes d’illuminations que je savoure comme autant de perles éphémères.

Il m'a fallut fuir.
Fuir ma vie, mon passé et même mon futur car désormais je n'aurais plus de lendemains.
Je me suis trouvé cette tanière perdu dans les bois entre deux flancs de montagnes.
Résidences d'oiseaux pêcheurs, d'arbres résineux, de pierres volcaniques et de bestioles rampantes.
J'observe ces deux versants montagneux qui un jour se rejoindrons peut-être.
Et les images qui me viennent ne sont ni plus ni moins que l'extrapolation de ma condition mentale.
Je les imagines se refermer comme une énorme bouche m'avalant dans ce qui sera ma dernière demeure, les tréfonds de la terre. L'éternel nuit de l'enfer.
Car le crime est un pêché.

Ma misérable demeure de feuillages et de branchages est exposée vers l’ouest, je ne profite guère des quelques minutes de soleil car il se couche tôt dans ce pays, surtout en cette période. A peine a t-il atteint son point culminant haut dans le ciel que le voilà qui sombre déjà dans un horizon rougeoyant. Ne me reste que quelques rayons rouges sanguins, habillant d’une couleur vive et fugitive le lit languissant de la rivière en contrebas. Extropolation du lit de mon amour ensanglanté.


Vous comprenez ma fuite à présent.
Vous comprenez mon immortalité. L'extrapolation de mes demains qui jamais ne connaitrons le repos même au-delà de cette vie. Car l'on reçoit en retour d'un amour assassiné un éternel hiver de solitude.
Une errance sans fin.
Pourquoi faut-il que les souvenirs soient gris ?
Ce mélange de noir et blanc, deux extrémités en continuelle lutte.
Comme celle du bien contre le mal, de la lumière contre l’obscurité, de la vie contre la mort, de l’amour contre …… la mort, aussi.



Arto Joe

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1 Comments:

At 06 juin, 2006 20:05, Anonymous Anonyme said...

merci pour le comment! grâce à ça je me promet de découvrir ton blog aussi! jusqu'à date j'aime vraiment beaucoup ce que tu écris.
_vic

 

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