09 juin 2006

Contre toute attente

Ce bon vieux fauteuil n'est plus très confortable, à dire vrai il ne l'a jamais vraiment été.

Comme souvent c'est le coup de coeur qui influe sur la qualité... c'est vrai pour tout... parfois nous le regrettons et d'autre fois nous acceptons les défauts.

Ce fauteuil de bois trône dans mon salon à la même place depuis... je ne sais plus quand.

J'y suis assis.
A ma droite une table basse supporte une bouteille de whisky, un verre remplit au tiers, une coupelle où a fondu des glaçons, un paquet de cigarettes, un briquet, un cendrier dans lequel des cendres froides puent, un magazine télé et un bouquin "Survivant" de Chuck Palahniuk.
Un titre évocateur... ne sommes nous pas tous des survivants tant que nous faisons de nos demains un présent ?
A ma gauche une petite table. Elle ne supporte plus rien. Elle voudrait même faillir.
Face à moi posé sur son meuble un poste de télévision ne reflète que mon image désabusée dans ce cadre irréel et intemporel qu'est devenu cet endroit.

Je me questionne :
Qu'est-ce que je peux bien attendre assis dans ce fauteuil ?
Je ne trouve pas de réponses.

Je suis assis ce soir comme tous les soirs depuis... Je ne sais plus quand.
Ce salon est devenu un précipice qui me regarde choir. Une pièce où chaque objet n'est que le reflet de ma perte. Une perdition solitaire et pourtant immatériel.

Alors :
Qu'est-ce que je peux bien attendre assis dans ce fauteuil ?
Je ne trouve pas de réponses.

L'halogène dans son coin ne brille plus que par son inutilité, elle ne fait plus rempart à l'obscurité qui m'attaque. C'est peut-être mieux ainsi. C'est la lune, la même qui éclaire votre ciel sombre qui m'enveloppe de ce voile suspect.
Des livres se meurent dans la bibliothèque poussièreuse à en faire trépasser un asthmatique.
Mon meuble de coin est le mouroir de mes souvenirs. Il ose faire tenir encore debout des photos qui dévoilent un temps révolu, des bibelots moches aujourd'hui mais si beaux hier et mon vide poche qui comme mes espoirs reste désespérément vide même de futilités.

Alors :
Qu'est-ce que je peux bien attendre assis dans ce fauteuil ?
Que le temps se remette en marche et que l'éternité s'active de me trouver une fin... digne.
Mon manteau immobile suspendu près de l'entrée a la forme d'un corps pendu... sans tête. Oui ! vision inconvenante d'un esprit sans corps mouvant. Le reflet de mon état actuel.
Ce n'est pas une dépression ni une crise d'angoisse non !

Je vais vous donner la réponse de ce lamentable martèlement.
Qu'est-ce que je peux bien attendre dans ce fauteuil ?
Que l'un d'entre vous viennent daigner ouvrir cette porte et trouver un endroit décent où cacher mon corps périssant dans ce fauteuil et que le temps ce bourreau sans coeur ne cesse d'enlaidir.


Arto Joe

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1 Comments:

At 27 août, 2006 06:16, Anonymous Anonyme said...

Où es-tu Arto Joe?
Moi je suis ailleurs. Tu viens me visiter?

 

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